top of page
  • neystopdercdesclid

Du Sel Sur La Peau 1984 Full 106 3: A Comedy Film by Jean-marie Desgesves



Ces trois femmes ont chacune en partie raison, en ce sens que les conduites en cause sont effectivement présentes en Inde [Stork*, 1986] comme à Madagascar [4] et qu'elles étaient fréquemment pratiquées dans l'ancienne Europe [Gélis*, 1976, 1984]. La pratique de façonnage du visage, qui s'est diffusée dans la population par divers modes relevant des transmissions intergénérationnelles, de transmissions horizontales entre pairs, par le biais des nénènes dans les familles aisées, leur est commune, les gestes pratiqués sont même rigoureusement identiques. Mais comme elle a été placée, pour des raisons qui pourraient bien être d'ordre historique liées à un contexte fait de domination et d'esclavage, sous le sceau du secret, les interprétations qui en sont faites varient : chacune donne à cette technique du corps une origine spécifique, tente de la rattacher (à raison d'ailleurs) à ses origines familiales supposées, tout en pensant (à tort) que seule une partie de la population effectue ce type de gestes. La réalité est en fait infiniment plus complexe.




Du Sel Sur La Peau 1984 Full 106 3



Les exemples sont légion, qui illustrent l'importance de l'opposition entre le chaud et le froid. Le contexte réunionnais présente en cela de nombreuses similitudes avec les travaux conduits par Françoise Héritier* [1984] chez les Samo de Haute-Volta. Cependant si, chez les Samo, chaleur rime avec infertilité ou sécheresse, à La Réunion, les équivalences sont différentes. Les données relevées montrent en effet que la chaleur entraîne l'infertilité féminine, quand, par exemple, certaines femmes l'attribuent à l'usage de tampons périodiques. Elles considèrent que l'utilisation de ceux-ci a pour conséquence d'empêcher le sang de sortir du corps de la femme, et provoque une accumulation de chaleur génératrice d'infécondité. Mais cette stérilité peut également être provoquée par un excès de froid lorsque d'autres interlocutrices rapportent les interdits associés à l'ingestion de tisanes ou de chewing-gum à la menthe, végétal qui refroidit. Stérilité et sécheresse sont donc bien synonymes de chaleur, mais pas de manière exclusive. Ce n'est pas, à La Réunion, la chaleur qui est en cause dans l'infécondité, mais la rupture de l'équilibre thermique de la femme.


Médecine des humeurs, médecine des semblables, logiques d'oppositions, sommes-nous en présence, pour la première période du cycle de vie, d'un système médical équivalent à celui des Antilles ? La créolisation présente à La Réunion est-elle similaire à celle qui est observable aux Antilles ? Là encore, la prudence s'impose. Le peuplement réunionnais est différent du peuplement antillais et si une influence massive de la médecine européenne semble plus que probable [12], les apports indiens et malgaches sont également très importants. Donner une origine strictement européenne aux pratiques relevées serait en effet hasardeux. Il est vrai que, une fois achevée la lecture des travaux de Françoise Loux* [1978], de Marie-France Morel* [Loux & Morel, 1976], de Nicole Belmont* [1971] ou de Jacques Gélis* [1984], la tentation est grande d'établir des parallèles exclusifs entre les pratiques réunionnaises et la médecine populaire européenne des siècles passés. Car l'impact et l'influence des Européens pendant l'esclavage, puis durant l' engagisme et la période coloniale ont sans nul doute été fondamentaux, ne serait-ce que par le rapport de force induit par un contexte colonialiste. Mais il ne faut cependant pas oublier que de telles pratiques ou recours sont également présents à Madagascar, en Inde, où le traitement des maladies infantiles associe, dans la médecine ayurvedique, médications à base de plantes et récitations de mantra [Mazars*, 1997, p. 263].


[22] Le terme kaf fait davantage référence à un phénotype noir qu'à une origine géographique précise. Les travaux des historiens, notamment ceux de Sudel Fuma [1992,19941, ont bien montré qu'étaient appelés kaf l'ensemble des individus à la peau noire, qu'ils soient originaires d'Afrique de l'Est, des Comores, de Madagascar, voire d'Australie. Aussi, la revendication de racines africaines, qui nous semble on ne peut plus légitime, devient assez problématique dès lors qu'elle s'appuie sur une kafritude qui repose non sur des racines réelles, mais sur une couleur de peau.


2ff7e9595c


3 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page